Promenade à Tulle

Tulle, la Préfecture de la Corrèze, se trouve dans une cuvette dominée par sept collines. Le centre s’est développé tout en longueur et est affublé d’improbables constructions, parfois démesurées, sans aucune harmonie d’ensemble. C’est dommage car on y trouve aussi un magnifique théâtre, des ruelles pentues qui montent des quais de la Corrèze vers les collines, quelques superbes façades Renaissance et un beau cloître gothique…

Nous commençons la journée par quelques emplettes au marché qui se tient sur les quais. De l’autre côté de la rive on aperçoit la tour d’Alverge datée des XVe et XVIe siècles. Avec son escalier à vis et ses colombages, cette maison fut un relais pour les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Plus loin le long des quais nous passons devant le théâtre l’Empreinte érigé en 1899. Il est l’oeuvre de l’architecte Anatole de Baudot qui utilisa le ciment armé, une technique révolutionnaire pour l’époque. Avec ses médaillons de plâtre et sa façade incrustée d’émaux, son architecture est unique.

Nous nous promenons ensuite dans la vieille ville magnifiquement rénovée et mise en valeur. Tout près de la cathédrale, la maison Loyac date de la fin du XVe siècle ou du début du XVIe siècle, à l’époque de Louis XII comme en attestent les porc-épics (emblème du souverain) sculptés sur la façade. Cette bâtisse fut repérée par Prosper Mérimée, écrivain du XIXe siècle et inspecteur des monuments historiques, qui qualifia cette maison de plus belle de l’est aquitain.

La rue Tour de Maïsse doit son nom au fait qu’une tour de garde se tenait là autrefois. C’est une rue typiquement tulliste puisque la topographie accidentée de la ville lui vaut le surnom de ville aux mille marches. Les locaux appellent cette rue les 80 en raison du nombre de marches.

Après avoir arpenté les ruelles de la vieille ville, nous revenons sur le parvis de la cathédrale.

En 1317, le pape Jean XXII autorise la création de l’évêché de Tulle et l’église abbatiale devient cathédrale. Le clocher, construit durant les XIIe et XIIIe siècles est le plus haut du Limousin (75m).

A l’intérieur se trouvent des oeuvres remarquables comme la grande verrière du maître verrier Jean-Jacques Grüber et une tapisserie en fil d’or issue des manufactures d’Aubusson. Non, ce n’est pas un cache-misère qui est installé derrière le choeur, ni une toile provisoire pendant des travaux ! Il s’agit d’une oeuvre d’art de Roman Opalka, une tapisserie tissée au fil d’or de 42 m2, alliant sobriété et splendeur, mais dont personne ne devine l’importance. Le mobilier liturgique de 2010 est en ardoise d’Allassac incrustée d’émaux de Limoges.

Accolé à la cathédrale, le cloître datant du XIIIe siècle, ancien lieu de vie des moines bénédictins, présente de magnifiques arcades gothiques, les gisants de trois papes limousins et une salle capitulaire où subsistent des fresques du XIVe siècle.