Début juin, j’ai été invitée à participer au conseil scientifique d’un institut de recherche de Prague et j’ai eu la chance de pouvoir prolonger d’une journée mon séjour, même s’il faudrait rester beaucoup plus tant il y a de choses à découvrir.
Mon activité extra-professionnelle débute donc à 18h le vendredi par un concert classique donné par l’orchestre symphonique Dvorak à la chapelle des Miroirs du Clementinum appelée ainsi en raison de son exceptionnel décor de stucs dans lesquels sont insérés des miroirs. Le Clementinum est un immense (2ème plus grand édifice de la ville après le château) collège fondé au XVIe siècle par les jésuites qui vinrent à Prague à la demande de Ferdinand 1er pour installer la Contre-Réforme.





N’ayant que très peu de temps le lendemain pour découvrir les principaux monuments et curiosités du centre historique de Prague, j’opte pour une visite guidée en français avec déjeuner et croisière inclus, organisée par Avantgarde, une agence recommandée par le guide du routard.
Nous avons RV à 10h devant la Tour Poudrière, l’un des derniers vestiges des remparts de la vieille ville devenu dépôt de poudre au XVIIe siècle. Juste à côté se trouve le très beau bâtiment de la Maison Municipale construit de 1905 à 1912 dans le style Art Nouveau. Le 28 octobre 1918, la République tchécoslovaque fut proclamée depuis le balcon.


Nous empruntons la rue Celetna bordée de belles demeures pour arriver à l’une des oeuvres maîtresses du cubisme tchèque, la maison A la Vierge noire de Dieu, investie par le Grand Café Orient.

Nous passons devant l’église baroque Saint-Jacques-Majeur dont la hauteur évoque le premier édifice gothique qui s’élevait ici. Au-dessus des portails, on trouve d’extraordinaires bas-reliefs : dans un tourbillon de nuages et d’ailes d’anges s’élèvent des saints dont les regards attirent le visiteur et le mènent naturellement à entrer dans l’église. Juste en face se trouve une maison très éclectique avec son arche gothique, son portail Renaissance, sa façade rocaille et son oculus maçonnique.


Plus loin, nous arrivons dans la cour du Týn, un important site historique. Le pâté de maisons, probablement édifié dès le XIe siècle, abritait au départ une cour de marchands fortifiée dans laquelle était prélevée une taxe, l’ungelt. Le bâtiment le plus important du complexe est le palais Granovský et ses arcades, l’un des joyaux les mieux conservés de la Prague Renaissance avec ses splendides fresques représentant des scènes de la Bible et de la mythologie grecque.

Nous longeons l’église gothique Notre-Dame-de-Tyn qui date du XIVe siècle, avec ses flèches hautes de 80m, et nous voici place de la Vieille-Ville, avec ses maisons aux styles hétéroclites qui sont le reflet de la diversité architecturale de Prague. A l’avant-plan de Notre-Dame-de-Tyn se trouve une élégante façade Renaissance posée sur les anciennes arcades gothiques par lesquelles on accède à l’église. Juste à gauche se trouve la maison A la Cloche de Pierre, une superbe maison gothique jadis cachée sous une façade baroque. Encore à côté, le palais Kinsky de style rococo de la 2ème moitié de XVIIIe siècle abrite des expositions temporaires.



En face, se trouve l’hôtel de ville de la vieille ville, avec sa belle tour carrée érigée au XIVe siècle et sa chapelle en encorbellement.

Nous quittons la place en passant devant l’église Saint-Nicolas, un édifice religieux hussite de style baroque et nous nous dirigeons vers Josefov, la ville juive.


Nous empruntons la rue Parizska, une large artère ouverte à la fin du XIXe siècle pour transformer l’ancien ghetto laissé à l’écart du développement immobilier et du progrès. Elle est bordée de superbes immeubles bourgeois Art Nouveau. De l’important quartier juif (on y recensa jusqu’à 40 000 habitants), il ne reste que 6 synagogues, l’ancien Hôtel de Ville et le cimetière. Evidemment le samedi tout est fermé, aussi nous nous contentons d’un tour à pied du quartier. Nous nous arrêtons devant la synagogue Vieille-Nouvelle. Erigée en 1270, c’est la plus ancienne synagogue toujours ouverte au culte en Europe. Tout en brique, elle se distingue par son haut toit crénelé, typique du gothique flamboyant. L’hôtel de ville juif a été construit à côté de la synagogue Vieille-Nouvelle en 1586 dans le style Renaissance et a acquis sa façade rococo au début du XVIIIe siècle. On remarque l’horloge avec les chiffres en hébreu dont les aiguilles tournent de droite à gauche.



La Synagogue Klaus, construite en 1694 dans le style baroque, se trouve juste à côté du cimetière juif. Nous passons enfin devant la synagogue Maïsel construite en 1590, et plusieurs fois reconstruite dans des styles différents, la dernière fois en 1905 dans le style néo-gothique.


Nous repartons ensuite vers la place de la Vieille-Ville en passant par la Petite Place et les plus anciennes rues de Prague dans lesquelles on trouve de belles demeures comme la maison des Deux Ours d’Or avec son superbe portail Renaissance du XVIe siècle.




Nous arrivons sur la place centrale de la vieille ville juste un peu avant midi pour admirer l’étonnante horloge astronomique accolée à un côté de la tour de l’hôtel de ville. Au-dessus de l’horloge se trouvent 2 fenêtres où apparaissent toutes les heures les 12 apôtres. La foule venue admirer ce défilé est impressionnante, aussi nous ne tardons pas à quitter les lieux pour aller déjeuner dans un restaurant tchèque typique à l’écart des (trop) nombreux touristes.




Après le déjeuner, nous nous dirigeons vers le pont Charles, trait d’union entre la vieille ville et Mala Strana (le petit côté) sur l’autre berge de la rivière Vltava. La tour de style gothique fut achevée en 1400. Nous embarquons en contrebas, sous les arches qui datent de 1160, pour un petit tour en canot traditionnel qui nous offre une vue inédite de Prague depuis la rivière. Long de 500m et large de 10m, le pont repose sur 16 énormes piliers de grès.












En sortant, nous passons devant l’église Saint-François-d’Assise de l’ordre des Croisés à l’étoile rouge dont l’aspect baroque actuel remonte aux années 1679-1685 et devant la statue du roi Charles IV, le grand bâtisseur qui entreprit la construction de ce pont en pierre en 1357.


De l’autre côté de la rivière Vltava, le château royal et les flèches de la cathédrale Saint-Guy se dessinent comme sur une carte postale. Nous traversons le célèbre pont dans une cohue incroyable si bien qu’il est impossible de prendre une photo des fameuses statues élevées au XVIIe siècle au-dessus de chaque pilier. Cette profusion de soutanes et de crucifix était un véritable panneau publicitaire pour la Contre-Réforme !



Au bout du pont, sur la gauche, nous descendons des escaliers vers l’île de Kampa. La Certovka, un bras mort de la Vltava, entoure l’ile et un joli moulin retapé tourne doucement. L’endroit est paisible. Un peu plus loin, en face du palais Buquoy qui abrite l’ambassade de France, on aperçoit le mur John Lennon qui représentait pendant le communisme un espace de combat pour la liberté d’expression. Jusqu’en 1989, les Praguois allaient y exprimer leurs frustrations mais aussi leur volonté de paix et leur opposition à la guerre.



Plus loin, une mariée et sa famille avancent à grands pas devant l’église la plus ancienne de Mala Strana, Notre-Dame-sous-la-Chaîne, commandée pour l’ordre des Chevaliers de Malte. Cette église garde une allure romane massive avec ses 2 gros clochers carrés, mais le parvis est gothique. On rejoint ensuite la grande place de Mala Strana, Malostranske, où l’on trouve l’église Saint-Nicolas édifiée entre 1673 et 1755. C’est un chef-d’oeuvre baroque qui illustrait aux yeux des jésuites le triomphe de l’Eglise catholique sur l’Eglise réformée.



ll est 16h et la visite guidée se termine. Je descends la rue Mostecka bordée de maisons Renaissance aux pignons colorés en direction des deux tours à l’entrée du pont, la petite de style roman et la plus grande de style gothique. Je traverse le pont toujours aussi encombré et part en quête de la rue Dlouhá où se trouve la boutique STUDIO SPERK, une adresse familiale qui perpétue une longue tradition artisanale depuis de nombreuses années. Le choix de bijoux ornés de grenats tchèques y est paraît-il le plus important à Prague.




A 19h30 me voici de retour au Clementinum, dans l’église Saint-Sauveur cette fois, une église construite par les Jésuites entre 1578 et 1601. Renaissance à l’origine, elle a été rénovée en église baroque à partir de 1650 par de célèbres architectes. C’est l’orchestre royal tchèque qui joue ce soir.




A la sortie il fait presque nuit et je termine ma journée rue Karoliny Svelté, au restaurant Stoleti qui jouit d’une excellente réputation. Au menu des pancakes aux pommes de terre servis avec une sauce aux champignons, et du véritable jambon de Prague avec une sauce au raifort. Après cette journée bien occupée, il ne me reste plus qu’à rentrer à mon hôtel un peu excentré car mon avion décolle pour Toulouse demain matin.


